La RSE au service de la performance de sa start-up
Les neuf limites planétaires sont un concept définissant les seuils à ne pas dépasser pour que l’humanité puisse vivre dans un écosystème viable et prospère. Or, en 2023, six d’entre elles ont déjà été atteintes : il est alors plus qu’urgent de s’organiser collectivement pour relever les défis sociétaux qui nous font face. Comment concilier ces enjeux primordiaux avec la place occupée par les acteurs économiques dans la société ? C’est là qu’intervient la RSE, qui est la contribution des entreprises au développement durable. Caroline Ducelliez, consultante et formatrice en stratégie RSE, explique en quoi il est pertinent, d’un point de vue économique, humain et environnemental, d’adopter une démarche RSE à l’orée du parcours entrepreneurial.
La RSE, quésaco ?
La norme ISO 26000 définit la RSE comme la “responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement”. En entreprise, elle s’exprime au travers de 5 grandes catégories :
- La gouvernance : la mise en place d’une stratégie responsable, la prise de décision en tenant compte des enjeux RSE, la cartographie des parties prenantes, la communication interne et externe, les labels et les chartes.
- L’économie : la pérennité et les levées de fonds, l’offre responsable, l’innovation, la protection des données, les relations fournisseurs et le suivi de la satisfaction client.
- Le social : le bien-être au travail, les salaires, les emplois, les formations, les compétences, la santé, l’hygiène, la sécurité, l’équité, la parité et la diversité.
- L’environnement : l’empreinte carbone, l’économie circulaire, la biodiversité, le numérique responsable, la sensibilisation des équipes, la gestion des déchets et de l’eau, le choix des énergies et du mode de consommation.
De l’intérêt d’adopter une démarche RSE dès la création d’entreprise
Un levier de performance RH
La question du sens donné au travail fait partie des principales préoccupations des salariés. D’après l’étude Millennial Survey 2020 du cabinet de conseil Deloitte, 55 % de la population active au global considère que l’engagement sociétal est un critère plus important que le salaire. Ce nombre grimpe à 76 % chez la génération Y, les personnes nées entre 1980 et 1994. L’étude Generations at work d’Adobe précise que 81 % des collaborateurs de la génération Z, nés à partir de 1995, “ne sont pas prêts à travailler pour une entreprise qui ne favorise pas la diversité au travail et ne mène pas d’actions en faveur du développement durable.”
Attirer de nouveaux talents est une chose, fidéliser les collaborateurs actuels en est une autre. Le cabinet de conseil Korn Ferry ajoute que 9 salariés sur 10 engagés dans des dispositifs RSE éprouvent un sentiment de fierté vis-à-vis de leur entreprise, et plus de 8 sur 10 se voient y rester dans les 3 années à venir lorsqu’elle adopte une démarche RSE (étude Great place to work 2019), et 7 sur 10 souhaitent s’investir davantage dans leur stratégie RSE (cabinet ekodev).
Un levier de performance économique
Si la RSE a une incidence positive sur la gestion des ressources humaines, elle influence aussi les performances de l’entreprise. Une étude de France Stratégie observe un “écart de performance économique d’environ 13 % en moyenne entre les entreprises qui mettent en place des pratiques RSE et celles qui ne le font pas”. Caroline Ducelliez explique cette différence par une pluralité de facteurs, notamment par le fait qu’une démarche RSE permet aux entreprises de mieux “innover et maîtriser les risques, engager leurs collaborateurs, répondre aux critères économiques, sociaux et de gouvernance des investisseurs, accéder à une clientèle grand compte et se positionner sur le marché.” L’étude Capgemini 2020 indique que presque 8 consommateurs sur 10 font de l’engagement des marques en faveur du développement durable un critère déterminant de leur décision d’achat, ce qui est loin d’être négligeable.
En somme, la RSE présente de nombreux bénéfices pour les entreprises :
- en interne : attirer les talents, renforcer la marque employeur, mobiliser et fidéliser les collaborateurs, améliorer les performances de l’entreprise ;
- en externe : agir pour le développement durable, renforcer l’image de marque et le positionnement de l’offre, répondre aux attentes des clients et des investisseurs.
Utilité ≠ Responsabilité
Avant d’introduire le concept d’outils RSE, l’experte rappelle que les notions d’utilité et de responsabilité ne vont pas forcément de pair et peuvent s’exclure. Elle prend pour exemple le cas des sociétés d’aide à domicile. Dans leur raison d’être, elles ont un impact positif et sont utiles pour la société. En revanche, d’un point de vue RSE, elles ne peuvent pas être considérées comme étant responsables au vu de la pénibilité des conditions de travail, de la précarité des contrats, de la fréquence des déplacements, etc. À l’inverse, une société peut être responsable mais inutile. Pour illustrer ses propos, l’experte choisit la société Philip Morris International, productrice de tabac, qui applique une politique d’égalité salariale et de gestion des déchets, entretient une relation équilibrée avec ses fournisseurs et qui, pour autant, commercialise un produit nocif pour la santé.
Les outils RSE
Dès lors, comment mesurer l’utilité et la responsabilité de sa start-up ? La consultante préconise d’utiliser 2 outils :
- le statut de société à mission pour l’utilité ;
- la mise en place d’une démarche RSE pour la responsabilité.
Le premier découle de la loi PACTE qui impose à toute société de prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité. Pour les entreprises volontaires, elles peuvent définir succinctement leur identité, leur intérêt sociétal et leur contribution au développement durable sous la forme d’une raison d’être. Cette raison d’être est statutaire et donne le statut de société à mission quand elle s’accompagne d’objectifs sociaux et environnementaux.
En France, ce statut reste très largement minoritaire puisqu’il ne concerne qu’à peine plus de 1 300 entreprises, dont 80 % comptant moins de 50 salariés. Néanmoins, “il est en plein boom étant donné que l’année dernière, il y en avait moitié moins”, relève l’experte. Pour justifier de la qualité de société à mission, la consultante précise qu’il faut “décliner sa raison d’être en des objectifs statutaires précis qui sont mis en application dans le cadre d’un plan d’actions concret : il ne s’agit pas d’un simple slogan marketing.” Ce statut concerne une grande variété de secteurs d’activité, allant de l’industrie au tourisme, en passant par l’enseignement et la formation. C’est notamment le cas d’emlyon business school depuis juillet 2021.
Pour témoigner des actions mises en place par son entreprise, il existe 3 types de labels et certifications RSE :
- les généralistes : pour toutes les entreprises et tous les secteurs d’activité ;
- les thématiques : axés sur un ou plusieurs piliers RSE tels que l’environnement, le social… ;
- les sectoriels : destinés à des branches d’activité précises comme le BTP, le tourisme, etc.
En conclusion, la méthodologie de l’instauration d’une démarche RSE au sein de son entreprise repose sur 5 grandes étapes :
- Définir sa raison d’être pour mesurer son intérêt sociétal ;
- Cartographier son écosystème pour identifier ses parties prenantes et leurs influences sur son activité ;
- Hiérarchiser ses enjeux par ordre de priorité ;
- Construire son plan d’actions pour atteindre les objectifs fixés ;
- Animer et valoriser sa démarche.
À propos
Caroline Ducelliez est diplômée du PGE d’emlyon avec une spécialité en marketing et développement durable. Après un passage chez Danone, elle rejoint L’Agence Déclic en tant que consultante et formatrice en stratégie RSE. L’Agence Déclic est un cabinet de conseil en RSE implanté à Rennes, Nantes, Paris et Lyon. Sa raison d’être est de contribuer à rendre nos territoires plus performants et plus durables. Pour cela, le cabinet de conseil accompagne les entreprises, les collectivités et les associations dans leur stratégie, la gestion de projet collaborative et leurs marchés publics, dans une démarche responsable et dans l’intérêt général.
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