Le mentorat est un dispositif proposé aux start-up qui rejoignent l’incubateur. Il permet aux entrepreneurs et entrepreneuses de bénéficier des conseils et du regard bienveillant d’un mentor sur l’avancement de leur entreprise. Le plus souvent lui-même entrepreneur expérimenté, le mentor n’est ni un associé, ni un consultant : il choisit d’accompagner les entrepreneurs par passion et par volonté de transmettre et de partager.
Alors comment ça marche ? Que peut-on attendre d’un mentor entrepreneurial, et quels sont les bénéfices majeurs du dispositif ?
Nous avons échangé avec Frédéric Faure, expert associé à l’incubateur, et Isabelle Cadoret, fondatrice de la start-up Happy Kits, qui nous parlent ici du mentorat et de leur expérience : l’un en tant que mentor, l’autre en tant que mentorée !
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le mentorat ?
FREDERIC FAURE : Pour commencer, un mentor est quelqu’un qui a une expérience dans un domaine particulier et qui souhaite mettre cette expérience au service d’autres personnes. C’est généralement un entrepreneur, ancien entrepreneur ou quelqu’un qui a l’expérience du lancement d’un produit/service innovant, qui choisit de mentorer un autre entrepreneur pour l’aider à avancer.
Contrairement à un consultant, il n’est pas ou peu rémunéré pour cette activité et c’est un point important car cela créé une relation différente. Le mentor n’a pas d’obligation de résultat, son rôle n’est pas de dire quoi faire à l’entrepreneur qu’il accompagne, mais il est là pour apporter son expérience, son avis et ses conseils, et parfois ouvrir son réseau quand la relation de confiance est établie.
A l’incubateur, le principe est donc de proposer aux entrepreneurs un mentor qui les suivra pendant un à deux ans. Les rendez-vous se font environ une fois par mois, et les sujets abordés sont très variés et dépendent beaucoup des besoins de l’entrepreneur.
ISABELLE CADORET : Le mentorat permet de prendre du recul et d’avoir un soutien extérieur, grâce à des échanges constructifs à propos de tout ce qui concerne la vie de sa start-up et son rôle d’entrepreneur. On bénéficie de l’expérience de quelqu’un qui, sans être vraiment impliqué dans la société, se sent concerné par sa réussite. Sans nous dire quoi faire, le mentor nous aide à avancer dans nos réflexions et à surmonter les difficultés que l’on peut rencontrer.
En tant qu’entrepreneurs, on reçoit énormément d’avis et de conseils de la part de tout un tas de personnes (qu’ils soient sollicités ou non). Mais avec un mentor, les conseils ne sont pas généralistes et donnés à la volée, mais s’appliquent au contraire directement à notre situation. Notre mentor nous connaît, il sait où on en est et, comme il a lui-même une expérience entrepreneuriale, il comprend ce que l’on traverse et cela fait toute la différence dans les échanges.
Qu’est-ce qui caractérise pour vous une relation mentor-mentoré ?
FF : Pour moi, les fondements qui définissent une relation mentor-mentoré réussie sont la sincérité, la subjectivité et l’humilité. Subjectivité et humilité car le mentor va toujours conseiller et partager son point de vue en fonction de son expérience et de ce qu’il connaît de la situation de l’entrepreneur. L’entrepreneuriat n’est pas une science exacte et il faut bien garder en tête que le mentor n’est pas là pour dire à l’entrepreneur ce qu’il doit faire. Ce dernier reste le seul décisionnaire : en tant que mentor, on n’a pas de vérité absolue mais on cherche seulement à aiguiller l’entrepreneur en partageant avec lui notre expérience et notre point de vue sur telle ou telle situation.
IC : La confiance et l’authenticité sont bien évidemment primordiale, et l’engagement réciproque également. Il faut que les deux parties jouent le jeu pour que cela fonctionne. Pour ma part, je prépare toujours les rendez-vous à l’avance afin de bien clarifier les points que j’ai besoin d’évoquer, et cela permet de faire en sorte que la séance soit la plus constructive possible. Si on y va à reculons, sans être préparé, ou sans être tout à fait sincère dans ce qu’on partage, ça ne fonctionne pas.
C’est parfois difficile, car quand on est noyés dans l’opérationnel on a l’impression que de tout remettre à plat va nous faire perdre du temps, alors que c’est bien souvent le contraire. On perd du temps sur le moment oui, mais on en gagne énormément en fin de compte car on avance sur des points importants et on réfléchit à des choses que l’on n’aurait pas forcément anticipées seuls.
Quels sont les principaux bénéfices à être suivi par un mentor ?
FF : Dans l’entrepreneuriat, on observe souvent le cas de figure où le fondateur a des associés minoritaires, ou pas d’associés du tout. Il se retrouve donc à gérer seul les aspects stratégiques et opérationnels du développement de sa start-up. Avoir un mentor permet alors d’échanger librement et en confiance avec quelqu’un d’expérimenté et qui n’est pas directement impliqué dans l’entreprise, mais qui est là pour écouter et pour aider, sans porter de jugement. Et bien sûr, comme évoqué précédemment, le partage d’expérience, les conseils, l’ouverture du réseau etc… sont des atouts précieux quand on se lance dans l’aventure entrepreneuriale.
IC : Je pense que tout entrepreneur peut retirer d’importants bénéfices du mentorat. Pour ma part, cela m’a énormément apporté sur de nombreux points, et notamment dans les périodes difficiles. En tant que chef d’entreprise, on est garant de son image, et on est donc toujours tenus de renvoyer une image positive, rassurante. On peut lâcher prise avec ses proches, mais bien entendu ils ne comprennent pas toujours ce que l’on traverse.
C’est donc un véritable soutien que de pouvoir échanger avec quelqu’un qui comprend ce qu’est l’entrepreneuriat, et avec qui tout reste confidentiel. On sait que ce dont on va parler, notamment dans les moments difficiles, ne pourra pas nuire à l’image de l’entreprise.
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Isabelle Cadoret est la fondatrice d’Happy Kits. La start-up est spécialisée dans les Serious Games et propose aux entreprises et organisations de les aider à faire passer efficacement des messages sur les sujets des plus complexes grâce à son expertise de la gamification. Happy Kits travaille notamment sur la dé-radicalisation des détenus grâce à une expérience gamifiée. Découvrez ses solutions ici !
Frédéric Faure, ex-fondateur et dirigeant d’Atalante, est devenu consultant-professeur et business angel suite à la cession de son entreprise. Expert associé à l’incubateur, il intervient auprès de nombreuses start-up de l’incubateur emlyon business school pour partager son expérience.