Entreprendre pendant ses études à emlyon : le retour d’expérience de Pascal Asselin, fondateur de Formalizi

Déc 4, 2020 | Stories

 

Pascal Asselin est le fondateur et CEO de Formalizi, une start-up LegalTech créée en 2019 dont la mission est de simplifier toutes les formalités juridiques liées à la création d’entreprise. A 23 ans, il est aussi étudiant en Programme Grande Ecole et incubé à emlyon business school : il nous parle ici des débuts de sa start-up, de la façon dont il vit son aventure entrepreneuriale et de son parcours d’étudiant-entrepreneur. 

Avec déjà 9 salariés et une croissance de 120%, Formalizi semble en bonne voie pour réaliser son ambition : devenir d’ici quelques années une référence dans le milieu entrepreneurial français !

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Tu as lancé Formalizi pendant tes études à emlyon business school. Peux-tu nous parler de ton parcours et de la genèse du projet ?

« J’ai intégré le Programme Grande Ecole emlyon business school en 2016, après deux ans de prépa à Paris, et j’ai commencé à travailler sur le projet Formalizi en 2018 pendant mes vacances de deuxième année.

L’idée m’est venue après avoir travaillé en freelance pour des start-up : j’ai vu à quel point les formalités juridiques pouvaient peser sur les entrepreneurs et je me suis rendu compte qu’il y avait un vrai besoin de simplification de toutes ces démarches. A l’époque, il existait déjà quelques solutions sur le marché mais elles n’étaient pas optimales, notamment en termes d’expérience client et d’accompagnement, le tout à des tarifs très élevés.

J’ai donc dès le départ positionné Formalizi sur les axes de différenciation que sont les tarifs et l’expérience client, avec des offres transparentes, abordables et un accompagnement très personnalisé. »

 

Comment as-tu pris la décision de te lancer pendant tes études ?

« J’avais déjà cette envie d’entreprendre depuis quelques années, depuis la prépa. Je ressentais vraiment le besoin de pouvoir m’investir entièrement dans un projet auquel je croyais, dans lequel je pourrais mettre toutes mes valeurs et aller au bout de mes ambitions, sans être limité. Ensuite, c’est l’opportunité qui s’est présentée quand j’ai eu l’idée de créer Formalizi.

Etant étudiant, je me suis posé la question de savoir s’il n’était pas préférable d’attendre d’être diplômé et inséré sur le marché du travail, pour avoir plus de réseau, plus de moyens financiers etc… C’est un peu la question que se posent tous les étudiants qui ont un projet entrepreneurial d’ailleurs, vaut-il mieux attendre d’avoir une certaine stabilité et un peu d’expérience, ou se lancer tout de suite ?

Pour moi, les avantages à entreprendre en tant qu’étudiant étaient d’avoir assez peu de contraintes, pas de famille à charge, pas vraiment d’obligations, de contraintes financières, etc… on prend donc finalement moins de risques et on a plus de liberté. Et même s’il peut être avantageux d’avoir une bonne situation financière et un réseau avant d’entreprendre, le risque d’attendre d’avoir un premier emploi pour se lancer était aussi de se laisser « enfermer » dans une situation confortable, sans jamais réussir à s’en sortir.

Il faut donc vraiment peser le pour et le contre, et bien entendu il n’y a pas de bonne réponse, tout dépend des situations individuelles. Pour ma part j’ai pris une décision très rapidement quand l’opportunité s’est présentée, j’y ai bien réfléchi et en une semaine je me suis dit que c’était bon, que j’allais me lancer.

A ce moment-là, j’avais déjà passé des entretiens pour des stages en finance. Mais cet univers et celui du conseil en stratégie, auquel mon parcours me prédestinait en quelque sorte, ne m’intéressait finalement pas plus que ça. J’avais surtout envisagé cette voie parce que c’était un peu le parcours classique et plutôt prestigieux à l’issue d’une école de commerce, où il y a une sorte de « pression sociale » et d’effet de mode qui poussent naturellement beaucoup d’étudiants vers ce type de carrières. »

 


Comment se sont passés les débuts de Formalizi ?

« La particularité de Formalizi est d’avoir été rentable dès le premier jour d’activité. On a mis 100€ de capital, et tout le développement a ensuite été financé par les revenus engendrés. Les débuts se sont donc plutôt bien passés puisque nous avons fait très rapidement du chiffre, par contre la croissance a plafonné pendant les huit premiers mois.

J’ai donc eu de gros doutes pendant un moment, je me demandais si ça allait décoller, et comment. Finalement, c’est après avoir pu recruter une première personne que ça a fini par prendre de l’ampleur. En décembre 2019, la croissance s’est vraiment envolée. C’était les résultats de tous les efforts qui commençaient à payer, on a senti un certain engouement de la part de nos clients et de nos partenaires, un plus grand intérêt des médias etc… Les choses se sont mises à bouger !

Ensuite, le premier confinement est arrivé et nous a ralenti, mais on a eu un vrai décollage à la sortie. Aujourd’hui, ce deuxième confinement n’a pour l’instant pas entravé cette dynamique de croissance, donc tout va bien. Je touche du bois pour que ça dure ! »

 

Tu as créé Formalizi sans associé, comment as-tu réussi à gérer seul toute la pression et la responsabilité qu’implique la création d’une entreprise ?

« En effet j’ai choisi de monter Formalizi seul, à vrai dire je ne ressentais pas vraiment le besoin ni l’envie de m’associer avec quelqu’un. Je gère plutôt bien la pression, ça me pousse à avancer et j’aime bien gérer les situations compliquées, résoudre les problèmes… Tout ça fait partie de mon fonctionnement naturel, donc le fait d’être seul pour démarrer l’aventure ne m’a pas posé problème.

Mais c’est vrai que ça a parfois été difficile de ne pas pouvoir m’appuyer sur quelqu’un, notamment parce que j’avais très peu parlé du projet autour de moi, que ce soit à mes amis ou à ma famille.

J’avais ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur et ça a été très fort chez moi. Je n’arrivais pas à me sentir légitime, malgré toutes mes connaissances, l’expertise que j’avais développé en travaillant le projet, et les partenaires qui m’avaient aidé à développer le service, je me demandais toujours ce que dirait mon entourage, ce que penseraient mes clients s’ils savaient qui j’étais etc…  En fait, je n’étais encore qu’étudiant, je lançais une boîte et je me demandais tout le temps si j’étais à ma place, quelle légitimité j’avais pour faire ça. Et ça a duré longtemps, 10 mois pendant lesquels j’ai donc préféré ne parler que très peu de Formalizi à mes proches, ce qui m’a forcément privé de leur soutien. »

 

Comment as-tu réussi à dépasser ce syndrome de l’imposteur ?

« Ce qui m’a aidé à en sortir, c’est d’avoir eu des premiers salariés dans l’équipe. Eux ne comprenaient pas du tout pourquoi je refusais d’en parler autour de moi, et petit à petit m’ont aidé à me rendre compte que tous ces doutes n’avaient pas lieu d’être. Avec le temps, j’ai fini par me dire « Allez, en fait c’est bête de ne pas en parler », et j’ai réussi à dépasser ce blocage.

Aux autres entrepreneurs dans ma situation, je conseillerais d’éviter de se laisser gagner par ce sentiment d’illégitimité et de ne pas hésiter à inclure ses proches ! Il faut se dire que si l’on croit en son projet, les autres y croiront aussi. Maintenant que j’ai la chance d’avoir un entourage qui me soutient, ça m’aide beaucoup et ça me donne confiance. »

 

Comment arrives-tu à concilier vie étudiante et vie d’entrepreneur ? Aurais-tu un conseil à donner aux autres étudiants dans ta situation ?

« Grâce à un système de VAE (validation des acquis par l’expérience), j’ai pu valider un certain nombre de cours en 3ème année de PGE et ainsi libérer du temps à consacrer à Formalizi. Mais quoiqu’il en soit, créer son entreprise en parallèle de ses études implique forcément des sacrifices et beaucoup de travail, y compris le soir et le week-end.

Aux autres étudiants qui se lancent, je conseillerais de veiller à aller au bout de leurs parcours académique et de ne pas ignorer les obligations que l’on a en tant qu’étudiants. D’autant plus que les cours à l’emlyon paraissent encore plus intéressants quand on peut directement appliquer les enseignements à son projet. On se rend ainsi mieux compte de la richesse et de la qualité des cours. »

 

Tu as 23 ans, bientôt 24, et tu es responsable d’une équipe de 10 personnes, la plupart plus âgées que toi. Comment gères-tu cette partie managériale ?

« Déjà, j’ai eu la chance d’avoir quelques premières expériences managériales pendant mon parcours à emlyon, avant de créer Formalizi. Il y a eu ce stage en Birmanie, où j’ai eu à gérer tout le service des Opérations (logistique, service client et après-vente) composé d’une équipe de 30 personnes. À mon arrivée, on m’a donné 10 jours pour tout mettre en place, puis j’étais responsable de la performance de l’équipe, du bon déroulé des opérations, et de l’amélioration de toutes les procédures. Cette expérience m’a vraiment aidé car j’ai beaucoup appris, en très peu de temps. J’avais aussi exercé des fonctions managériales en tant que président de l’association étudiante audiovisuelle de l’école, Ligne 2 Mire, composée de 33 membres. Là aussi, une belle expérience et un bel apprentissage.

Avec Formalizi, ça s’est vraiment fait petit à petit et je structure la relation avec l’équipe au fur et à mesure qu’elle s’agrandit. Au fil du temps, on apprend à gérer, à écouter, à faire confiance, à déléguer… ce qui n’est pas toujours facile, mais ça s’apprend.

La partie managériale est quelque chose de très important pour moi et j’y investis énormément d’efforts. Je veille à ce que tout le monde se sente bien, je prends du temps, au moins une heure toutes les deux semaines avec chacun des salariés. Même si on est débordés, on prend systématiquement ce temps-là pour parler de ce qui va bien et de ce qui ne va pas, c’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. Ça permet notamment de poser des bases de confiance.

Aujourd’hui, je suis très content de cette organisation. On a de très bonnes relations dans l’équipe, tout le monde est dans un bon état d’esprit et il y a un bon équilibre, avec de belles relations d’amitié en dehors, mais beaucoup de sérieux et d’investissement quand il s’agit de travailler. Pour ce qui est de l’âge, on pourrait croire que ça pose problème, mais finalement ça ne change pas grand-chose. »

 

Quelles sont tes ambitions pour Formalizi ? Un mot sur votre actualité ?

« Notre ambition est de créer l’environnement idéal pour entreprendre en France. Nous souhaitons accompagner et favoriser la dynamique entrepreneuriale française en permettant à tous les entrepreneurs de répondre très facilement à toutes les obligations formelles, qu’elles soient juridiques, comptables etc… et nous allons donc progressivement élargir le champ de notre activité, qui se concentrait jusqu’à maintenant principalement sur la partie formalités juridiques.

En ce moment, on termine un développement technologique d’amélioration du service, c’est une très grande avancée puisqu’elle va permettre de proposer une expérience client encore meilleure. On est aussi en train de développer et tester les nouveaux services d’accompagnement gratuits post-création pour nos clients, toujours très personnalisés et sur lesquels nous avons déjà d’excellents retours. On est donc dans une phase d’amélioration continue du service et de l’expérience client, une priorité pour nous.

En cette période particulièrement difficile pour les entrepreneurs, nous avons aussi mis en place une Hotline entièrement gratuite pour accompagner les chefs d’entreprise et les aider à gérer au mieux cette nouvelle crise. Et tous nos services restent bien sûr accessibles, toujours 100% en ligne.

Nous voulons pousser les entrepreneurs à se lancer et à franchir le pas. Je me ferais un plaisir d’en discuter avec ceux qui le souhaitent et leur partager ma passion… en espérant que ça leur donne envie ! »

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Un grand merci à Pascal Asselin pour son témoignage ! 👉 Découvez Formalizi !

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